15 octobre 2008

Keynes, la confiance et le Chapitre 12 de la Théorie générale

Source : Rationalité Limitée
La valeur d’un titre (d’une action) ne dépend pas tant des fondamentaux de l’entreprise qui l’émet (sa profitabilité) que de ce que les autres se font comme opinion sur cette profitabilité. Comme ce raisonnement est connaissance commune, la valeur d’une action est en fait largement fonction de l’idée que chacun se fait de l’opinion d’autrui sur le titre, qui elle même est fonction de ce que l’autre pense de ce que je pense. Comment expliquer alors que les cours des titres ne varient que dans des proportions raisonnables ? Pour la même raison que pour le concours de beauté. Les agents vont appuyer leurs réprésentations et croyances sur des conventions financières, qui sont constituées d’un ensemble de critères à partir desquels chacun pense que les autres fondent leur opinion. Si je crois que tout le monde s’appuie sur ces conventions et que j’ai de bonnes raisons de penser que les autres pensent que je m’appuie sur ces conventions, alors j’ai effectivement intérêt à m’y conformer… et la situation se stabilise autour d’un point focal. C’est à ce stade que la confiance fait son apparition. On voit facilement à quel point l’équilibre est instable.
Existe-t-il un terme en économie (néoclassique) pour désigner une fonction d’utilité qui ne dépend que de l’individu et de sa dotation d’un bien? A contrario, comment désigner le cas où nos préférences dépendent de ce que font les autres?

Il me semble que le deuxième cas est universel : nos préférences ont une part spécifiquement individuelle, et une part de mimétisme (spéculaire, réflexive…). On ne peut pas opposer les deux. Sauf peut-être pour la monnaie, dont l’utilité individuelle est nulle. Seul sur son île, que ferait Robinson d’un euro (sans fonction métallique)? La valeur de cette pièce aux yeux de Robinson dépend exclusivement de la demande des autres individus dans la société, c’est-à-dire de sa fonction d’intérmédiaire dans les échanges.

Les bulles spéculatives semblent souvent liées à la part de mimétisme, à un “effet de mode” comme par exemple pour les oeuvres d’artistes contemporains. Or le mimétisme est présent dans tous les biens, et pourtant les bulles ne se produisent pas partout. Il semble clair, en revanche, qu’elles peuvent être déclenchées par une expansion de la masse monétaire.

D’où cette question que j’avais posée dans la chatbox d’econoclaste :

Existe-t-il un exemple historique de bulle d’actifs non consécutive à une expansion monétaire?

On peut déjà rayer les dotcoms, la bulle immobilière récente, mais aussi la Bourse dans les années ‘20. Je pense que le télégraphe dans les années 1860 et le chemin de fer dans les années 1880 ne sont pas candidats non plus. Pour la tulipmania de 1650, ça reste à voir. D’autres candidats?

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