15 décembre 2006

Hayek, reviens!

Hier soir j'écoutais C.Autain et A.Krivine au téléphone sonne, parlant de l'abolition de la propriété privée, de l'interdiction des licenciements, du SMIC à 1500 euros nets, de la construction de centaines de milliers de logements sociaux, etc. Pas besoin de voter pour eux, on a déjà Chirac. Voici pourquoi :


Afin de lutter contre les problèmes de logement, Villepin vient d'annoncer la création d'un fonds garantie locative pour les personnes modestes. En caricaturant, on pourra donc louer un appartement sans payer son loyer (garantie locative gratuite) et sans pouvoir être expulsé (protection des locataires). Non, on ne compte pas plus d'escrocs chez les locataires que chez les propriétaires. Mais "les gens réagissent aux incitation" et ici l'incitation devient tellement forte que l'on peut s'attendre à ce que le nombre de locataires qui y succombent augmente. Ce n'est pas vraiment ce qu'on appelle une bonne incitation économique.

Simultanément, Villepin annonce un crédit d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile. Jusqu'à présent les ménages non imposables ne pouvaient pas bénéficier de cette aide. Ceci créait une distorsion des incitations : les ménages aisés étaient plus incités que les ménages modestes à travailler et à prendre une nounou. Cette mesure est nettement meilleure que la précédente car elle supprime une distorsion des prix. Mais il ne faut pas perdre de vue que c'est une subvention des emplois peu qualifiés, équivalente aux allégements de charge sur le SMIC. Si nous avons besoin de ces allègements, c'est d'abord parce que notre SMIC est très élevé (entre 1700 et 1800 euros par mois charges comprises) et détruit des emplois.

La méthode du crédit d'impôt pour l'emploi d'une personne à domicile est une innovation : un allégement de charges sociales octroyé non pas par l'organisme en charge (la Sécu) mais par la Direction Générale des Impôts. Cette dernière risque de n'avoir ni les moyens ni les compétences pour contrôler les fraudes. Enfin, cette méthode budgétaire nous rappelle que l'Etat a toujours le choix entre deux méthodes d'intervention :
- pour octroyer une subvention il peut soit effectuer un versement direct, soit baisser un prélèvement;
- pour taxer une activité il peut soit augmenter l'impôt pour la catégorie concernée, soit le baisser pour toutes les autres.

Grâce à cette flexibilité, l'Etat peut agir sur les incitations "à la marge" dans la plupart des activités économiques avec un faible coût budgétaire. En apparence, la dépense publique est "limitée" (sic) à 55% du PIB. Mais en réalité, la sphère d'influence de l'Etat sur l'activité économique s'étend bien au-dela.

Au moins Autain et Krivine ont-ils l'honnêteté de reconnaître que oui, il veulent vivre dans un Etat totalitaire. Les grands partis politiques tiennent évidemment un autre discours. Mais ils savent qu'avec un bon déguisement, la mainmise de l'Etat sur l'activité économique peut prendre des formes bien plus subtiles, mais tout aussi efficaces que le totalitarisme. La question que je me pose est la suivante : combien de temps les libertés individuelles et politiques peuvent-elles survivre dans une économie centralement planifiée? Relisons Hayek...

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