15 août 2006

L'apprentissage du français

Présentation de Liliane Sprenger sur le thème Apprentissage de la lecture, troubles de l’apprentissage, dyslexie

http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1201

Les résultats s’appuient sur des enquêtes françaises ou internationales consistant à faire passer des tests à des enfants (école primaire) ou à des adultes. Sont mesurés entre autres : le temps de lecture, les erreurs de reconnaissance et de compréhension du mot, ainsi que les fautes d’orthographe.

  1. Quel est le niveau de lecture des Français ?

Les résultats des Français sont moyens par rapport au panel de pays. Contrairement à ce qui peut être rapporté dans les médias, aucune baisse n’est observable. La Finlande a toujours les meilleurs résultats. Les problèmes de compréhension orale et écrite sont fortement corrélés. Si l’on comprend la langue à l’oral, les problèmes de lecture proviennent donc essentiellement de la reconnaissance des mots.

  1. Quelles sont les compétences requises pour lire ?

Des capacités d’identification des mots écrits : quelques millisecondes chez un lecteur dit « expert », et ce indépendamment du contexte et même pour des mots nouveaux ou des pseudomots (mots inventés comme mirpe). Le « décodage » n’est donc pas une procédure lente et laborieuse. Les langues asiatiques diffèrent. En Français : écriture alphabétique avec beaucoup d’irrégularités d’orthographe (peint/pain), et quelques irrégularités de prononciation (sept/septembre). Japonais Kana : écriture syllabique. Chinois : élément sémantique + élément phonétique.

  1. Est-ce que les enfants apprennent moins bien à lire avec une méthode globale ?

Oui. Même les enfants de milieu socioculturel défavorisé apprennent mieux à lire grâce au décodage que les enfants favorisés avec la méthode globale. De plus, quelle que soit la méthode retenue, les enfants apprennent à comprendre les mots autant qu’à les reconnaître. Le décodage ne favorise donc pas la reconnaissance au détriment de la compréhension, et la méthode globale ne favorise pas la compréhension alors qu’elle était censée le faire.

  1. Est-ce que les enfants apprennent mieux à lire dans les langues où les relations entre écrit et oral sont transparentes ?

Oui. Les enfants anglais apprennent nettement moins vite à lire les mots et pseudomots que les français, qui eux-mêmes apprennent moins vite que les espagnols. Pour ces derniers, l’apprentissage de la lecture est pratiquement fini à 7 ans, ce qui n’est pas le cas pour les Français, et encore moins pour les Anglais. Si l’on mesure le temps de reconnaissance des mots et de pseudomots chez l’adulte, les Italiens sont plus rapides que les Français qui sont plus rapides que les Anglais. Ce phénomène est si important que les lecteurs normaux français et anglais ont pratiquement les mêmes résultats que les dyslexiques italiens (sur le temps de reconnaissance des mots). Ces écarts s’expliquent par les irrégularités de prononciation. En effet, dans le sens orthographe vers prononciation, l’Anglais comporte 88% de régularités contre 95% pour le Français et 94% pour l’Allemand. Dans le sens prononciation vers orthographe, le Français comporte 50% de régularités contre 72% pour l’Anglais et 74% pour l’Allemand (NB : mots monosyllabiques, en prenant en compte l’attaque-rime).

  1. Comment les enfants apprennent-ils à lire et écrire en français ?

La régularité de la langue est vraiment l’explication de ces écarts d’apprentissage entre Français et autre nationalités. En effet, à l’école primaire on constate un écart important du nombre de réponses correctes entre mots réguliers (« comme ça se prononce » ou « comme ça s’écrit ») et mots irréguliers. En revanche, la fréquence des mots (mots courants vs. mots rares) et la lexicalité (mots existants vs. mots inconnus/nouveaux) sont négligeables. Mêmes constatations pour l’écriture. Vu le coût d’une orthographe peu transparente en termes d’éducation, il serait important de se repencher sur la question de la réforme de l’orthographe.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Si ceux qui maitrisent l'orthographes ne faisaient pas preuve d'une intolérance aussi violente, cela ferait longtemps que la réforme tant attendue de l'orthographe serait aboutie.

Anonyme a dit…

Votre réflexion me semble bien simpliste. Un japonais ou un chinois met 20 ans pour apprendre à lire et à écrire - et encore il lui arrivera toujours de trouver un idéogramme inconnu qu'il ne pourra pas déchiffrer et donc pas prononcer. Quelle perte de temps selon vous et donc d'argent. Il ferait mieux d'apprendre l'italien ou l'espagnol ?
Ce serait oublier que la toute la structure mentale et intellectuelle est conditionnée par le langage oral et écrit et par son apprentissage. On peut estimer que l'apprentissage d'une langue orale est peut différent de celui d'une autre langue orale (sauf des sons qui peuvent exister dans une langue et pas dans une autre). En revanche l'apprentissage d'une langue écrite comme le chinois et pire le japonais induit des connexions neurologiques fondammentalement différentes que celles d'une langue comme l'italien. A une époque où l'activité principale était l'agriculture, il aurait été préférable que tout le monde parle et écrive italien. A l'époque où la richesse est basée essentiellement sur le savoir et l'innovation, cette différence d'apprentissage est essentielle et peut amener à des différences de comportements et de compétences extrêmement variées et potentiellement enrichissantes. Le français, avec ses structures et sa complexité, façonne de la même façon la pensée et l'intelligence des enfants. Est-on si sur qu'en simplifiant l'orthographe et en diminuant pas conséquent le coût de son apprentissage, on gagne finalement en finesse, en intelligence et donc en innovation sur le grand marché de la mondialisation ?

Anonyme a dit…

Votre réflexion me semble bien simpliste. Un japonais ou un chinois met 20 ans pour apprendre à lire et à écrire - et encore il lui arrivera toujours de trouver un idéogramme inconnu qu'il ne pourra pas déchiffrer et donc pas prononcer. Quelle perte de temps selon vous et donc d'argent. Il ferait mieux d'apprendre l'italien ou l'espagnol ?
Ce serait oublier que la toute la structure mentale et intellectuelle est conditionnée par le langage oral et écrit et par son apprentissage. On peut estimer que l'apprentissage d'une langue orale est peut différent de celui d'une autre langue orale (sauf des sons qui peuvent exister dans une langue et pas dans une autre). En revanche l'apprentissage d'une langue écrite comme le chinois et pire le japonais induit des connexions neurologiques fondammentalement différentes que celles d'une langue comme l'italien. A une époque où l'activité principale était l'agriculture, il aurait été préférable que tout le monde parle et écrive italien. A l'époque où la richesse est basée essentiellement sur le savoir et l'innovation, cette différence d'apprentissage est essentielle et peut amener à des différences de comportements et de compétences extrêmement variées et potentiellement enrichissantes. Le français, avec ses structures et sa complexité, façonne de la même façon la pensée et l'intelligence des enfants. Est-on si sur qu'en simplifiant l'orthographe et en diminuant pas conséquent le coût de son apprentissage, on gagne finalement en finesse, en intelligence et donc en innovation sur le grand marché de la mondialisation ?